Quelques jours après l’affaire de Strasbourg[1], une seconde annulation d’une procédure de recrutement a été décidée, cette fois par le Conseil d’administration de l’Université d’Aix-en-Provence, après établissement par le comité de sélection du classement des candidats retenus sur un poste de philosophie.
Le poste était profilé « Philosophie et savoirs à l’époque classique et moderne », et la fiche publiée sur Galaxie spécifiait que le candidat recruté devait être un bon connaisseur de la tradition rationaliste de Descartes à Leibniz, et qu’il serait rattaché à un axe de recherche portant sur l’« histoire et philosophie des sciences mathématiques, de la physique et de la biologie ». Conformément à la règle et à l’esprit de la réforme LRU qui a donné naissance aux Comités de sélection, ce dernier était composé pour au moins moitié d’extérieurs, dont la plupart étaient des spécialistes reconnus du domaine de recherche défini par le profil du poste. Le comité a conduit ses travaux dans le respect du profil, en classant première une candidate au dossier très solide, travaillant aux frontières de la philosophie classique et de l’histoire des sciences biologiques et médicales, sur la vie et le vivant chez Spinoza et Leibniz.
L’annulation par le Conseil d’administration de la procédure, au mépris du travail accompli par les membres du comité, ne s’appuie sur aucun motif scientifique. En réalité, la candidature retenue ne convenait pas à certains locaux, qui lui préféraient d’autres candidatures, jugées par le Comité hors profil ou scientifiquement moins solides.
QSF ne peut que constater que ces pratiques sont de moins en moins isolées. Elles reposent sur un défaut de la loi LRU : celle-ci a accompagné la création des Comités de sélection, censée mettre un frein aux pratiques localistes auxquelles l’ancien système pouvait donner lieu, d’un pouvoir conféré au Président de l’Université et au Conseil d’administration de refuser de transmettre au ministère les classements rendus par ces Comités de sélection[2].
Craignant la recrudescence de conflits d’intérêts auxquelles de telles prérogatives, non encadrées par des textes précis, peuvent donner lieu, QSF souhaite que le nouveau gouvernement, dans le cadre de la future loi d’orientation sur l’Université, revienne sur ces pouvoirs excessifs accordés aux Présidents d’Université et aux Conseils d’administration.
[1] Sur l’affaire de l’Université de Strasbourg, voir le communiqué récemment publié sur notre site.
[2] Voir la mise au point de Fabrice Meilleray sur notre site.