Une grande inquiétude demeure dans les universités au sujet des projets de mastérisation de la préparation aux concours de recrutement du primaire et du secondaire. QSF déplore le mépris dont a fait preuve ces derniers mois le gouvernement à l’égard de ses interlocuteurs, attitude encore confirmée par l’affaire de la commission Marois-Filâtre. QSF souhaite que le report de la réforme soit effectif, et que la précipitation fasse place à une réflexion approfondie.
QSF n’est pas opposé à l’idée même de la réforme, en ses deux significations qui doivent être distinguées et faire chacune l’objet d’une réflexion propre : exigence d’un niveau de master pour l’obtention des concours et intégration de la préparation aux concours aux maquettes des masters. Cette réforme, si elle était bien menée, devrait notamment permettre de mieux définir les masters « recherche », qui, dans nombre de disciplines, doivent, faute de budget, officieusement « héberger » la préparation aux concours d’enseignement. Pour cela, il faut que toutefois masters « enseignement » et masters « recherche » soient nettement distingués, les premiers ayant pour finalité de former les enseignants du primaire et du secondaire, les seconds de préparer à la recherche de haut niveau et en particulier à l’entrée en thèse. Pas plus que l’obtention d’un master « pro », celle d’un master « enseignement » ne saurait dispenser de l’obtention d’un vrai master « recherche », impliquant en particulier la rédaction d’un vrai mémoire (équivalent de l’ancien mémoire de DEA), pour l’inscription en thèse. Il ne saurait non plus être question d’affaiblir les masters « recherche » existants en prélevant sur eux les supports horaires des nouveaux masters.
Les exigences pédagogiques du nouveau master devraient elles aussi être mieux définies. On ne prépare pas les concours avec 6 à 7 heures de cours par semaine : les nouveaux masters doivent être dotés d’un volume horaire comparable à celui des masters « pro » (240 heures en M2), et non des masters « recherche » (160 heures). L’épreuve de « connaissance du système éducatif », simple contrôle de connaissance, a peut-être sa place pour l’examen d’obtention de l’épreuve pratique du CAPES ; elle n’a aucun sens en tant qu’épreuve de concours, destiné pour nombre de disciplines à sélectionner une petite élite. QSF pense que les exigences pédagogiques sont déjà bien prises en compte dans le concours actuel du CAPES avec l’épreuve dite « sur dossier », qui a l’avantage de ne pas séparer le pédagogique du disciplinaire.
Il ne saurait non plus être question de supprimer les stages de formation des reçus au concours. Il conviendrait en ce sens d’alléger très sérieusement les stages en observation et en situation des étudiants de masters, dont, dans certaines disciplines, seulement un tout petit nombre aura les concours, pour restituer au stage de formation son rôle essentiel. D’une façon plus générale, la réforme devrait être l’occasion de repenser la fonction et l’organisation de cette année post-concours.
Enfin, les articulations entre enseignement et recherche, la difficulté des concours et les exigences liées aux carrières de chercheurs sont très différentes d’une discipline à l’autre. La réforme doit tenir compte de cette diversité, et se garder de toute volonté excessive de normalisation.