La ministre s’est présentée brièvement et a résumé les aspects de sa biographie personnelle et politique en relation avec sa nouvelle fonction.
Elle a plaidé pour la « concertation, le dialogue et l’apaisement ». Au fur et à mesure de son intervention, qui a duré une quarantaine de minutes, a montré une bonne connaissance des dossiers budgétaires.
Elle n’a pas fait d’annonces concrètes, mais elle a d’ores et déjà prévu la convocation d' »assises de l’enseignement supérieur et de la recherche », et elle a informé le CNESER qu’elle réfléchissait avec Vincent Peillon à une reforme du calendrier de la mastérisation qui soit opérationnelle avant la prochaine rentrée.
Elle a également annoncé qu’elle rencontrera l’ensemble des associations et des syndicats représentés au CNESER dans les prochains jours et semaines.
Sur le fond, son discours reprenait mot par mot la lettre que François Hollande avait adressée à la présidente de la CPCNU en avril dernier.
Elle a rappelé que les étudiants constituent non pas les usagers mais « le coeur de cible » de l’université et que tout doit être fait pour que la réussite en premier cycle soit assurée. Elle a également annoncé des mesures importantes pour le logement des étudiants (8 000 nouveaux par an).
Elle a ensuite souligné sa volonté de « replacer » les UMR au coeur du paysage universitaire, qu’elle veut par ailleurs simplifier de manière importante. Elle entend également restituer aux organismes le « rôle de pilotage scientifique » et revoir l’équilibre entre dotations et financements sur projet (en gros, recentrer l’ANR sur les grands projets scientifiques). Même chose pour l’évaluation, mais dans ce cas elle a été moins explicite sur le rôle de l’AERES par rapport au CoCNRS et au CNU.
Elle veut par ailleurs remettre la collégialité au coeur de la gouvernance universitaire, aussi bien dans le CA que dans le CS et mieux redistribuer sur le territoire les financements des projets d’avenir, sans pour autant pénaliser les établissements qui ont déjà obtenu des IDEX et des Labex. Elle n’a pas précisé si cela se ferait à budget constant.
Enfin, elle prévoit qu’à l’issu d’une période de concertation (qui aura lieu dans le cadre des assises déjà évoquées), il y aura une loi d’orientation qui remplacera la LRU (sans doute, pour la rentrée 2013). Par ailleurs, la circulaire « Guéant » sur les étudiants et les chercheurs étrangers serait abrogée dans les prochains jours par le ministre de l’intérieur.
Dans une discussion qui a duré presque deux heures, tous les syndicats sont intervenus pour féliciter la ministre pour sa présence et ses propos. L’UNEF a cependant tenu a rappeler à la ministre, en forme de mise ne garde, qu’elle sera très vigilante, notamment sur l’arrêté sur la nouvelle licence et sur la « réussite ». Le SNESUP avait précédemment rappelé l’hostilité de la presque totalité des syndicats et associations d’enseignants-chercheurs à cet arrêté.
Le représentant de QSF, Claudio Galderisi, est intervenu brièvement pour saluer la présence de la ministre et l’attention qu’elle témoignait ainsi au rôle du CNESER. Il a relevé une réelle volonté de mettre le CNESER au coeur de cette concertation et de créer des commissions thématiques avec des moyens spécifiques.
C. Galderisi a également remercié la ministre pour sa présentation et s’est réjoui de la volonté de corriger les lacunes et les erreurs évidentes de la LRU, en espérant que lors de la réflexion que l’on annonce il y aura la place pour un diagnostic lucide, qui n’occulte pas les insuffisances et les travers que l’ université française connaissait avant 2007.
Il a enfin rappelé que si les questions d’architecture universitaire et de statuts du personnel sont importantes, la bonne santé d’une université se juge fondamentalement à la qualité de sa recherche (il a ainsi souligné que dans l’évaluation des établissements l’indicateur concernant la recherche arrivait dans les dernières positions) et au sérieux de ses formations. Il a terminé en disant qu’il ne connaissait aucun vrai universitaire qui soit opposé à la réussite, mais qu’il faudra s’entendre sur ce terme, parce que séparer l’enseignement de la recherche dans le premier cycle reviendrait à sacrifier la licence sans sauver les étudiants en échec.
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