La première séance plénière de la rentrée universitaire 2012-2013 a été présidée par la nouvelle Directrice générale de la Direction générale pour l‘enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle, Mme Simone Bonnafous, ancienne présidente de l’Université de Paris Est – Créteil et ancienne vice-présidente de la CPU.
Mme Bonnafous a fait d’abord une présentation générale des directions et sous-directions de la DGESIP. La Directrice générale a présenté ensuite les grandes orientations de sa mission, en mettant en particulier l’accent sur la priorité des priorités : la « réussite des étudiants ». Elle a rappelé à ce propos qu’il s’agit aussi du premier axe de réflexion des Assises de la Recherche. Ne pouvant pas annoncer des moyens nouveaux (budgétaires et humains) destinés à cette mission, elle a souligné que sa direction allait analyser en profondeur les causes de l’actuel taux de réussite et s’employer à trouver des solutions nouvelles pour l’améliorer.
Cette présentation a été suivie d’un long débat, lors duquel est intervenu l’ensemble des associations représentées au CNESER. Soulignons au passage qu’étaient présents à la réunion plus de 80 membres du CNESER, parmi lesquels les deux membres de QSF, Bernard Julia et l’auteur de cette note.
Ce que l’on peut retenir de ces interventions est d’une part l’insatisfaction générale au sujet des moyens budgétaires, et, d’autre part, de nombreuses critiques sur le fonctionnement des Assises de la recherche. Le SNESUP, en particulier, a regretté que le comité de pilotage de ces Assises ne consacre pas un temps plus important à l’audition des principales associations syndicales – le SNESUP, in primis – et a relevé un manque de transparence et d’organisation dans la tenue des Assises, qui risquent de ne pas faire émerger les diagnostics et les desiderata de l’ensemble de la communauté universitaire.
Une fois cette discussion préalable terminée, Mme Bonnafous a expliqué le mode de fonctionnement du dispositif d’Admission post-bac (APB). Ce dispositif permet aux bacheliers de formuler leurs vœux et d’effectuer leur inscription en ligne, selon une procédure « sécurisée », qui s’inspire en partie de l’ancienne carte scolaire, et qui privilégie comme critère d’affectation l’académie dont relève le bachelier. Elle a ensuite présenté une série de tableaux et de graphiques concernant les indicateurs de réussite en licence. L’importance et la diversité des chiffres qui nous ont été présentés en dix minutes ne peuvent pas être résumées ici, mais ces indicateurs seront bientôt accessibles sur le site du Ministère dédié au CNESER. Nous pourrons donc les communiquer bientôt à tous les collègues de QSF, car ces statistiques offrent des indications importantes, qui corroborent souvent les analyses et les propositions de notre Association, mais qui peuvent également nous permettre d’affiner notre réflexion sur la question de l’orientation et des prérequis.
La Directrice générale a souhaité mettre en évidence surtout un élément chiffré, qui lui paraissait plus significatif que d’autres. Le pourcentage moyen – toute formation et filière confondue – des post-bacheliers n’ayant pas un diplôme au bout de trois ou quatre ans est de 19 %, celle des post-bacheliers ayant choisi une formation universitaire et n’ayant pas un diplôme universitaire –Bac +2, Bac + 3, ou Bac + 5) – est pratiquement la même (20 %). Cela permettrait selon elle de tordre le cou à un certain nombre d’idées reçues sur l’échec en Licence, et notamment d’infirmer le « chiffre magique » de 50 % d’échec, souvent cité à propos des formations universitaires.
Dans la discussion qui a suivi, rares sont ceux qui ont signalé que le taux de réussite n’était pas en soi la preuve d’une qualité des diplômes universitaires. Seuls les représentants de FO sont intervenus pour signaler le risque d’une “politique du chiffre” fondée sur la dévalorisation des diplômes. Ils ont également manifesté leur opposition – à la différence du SGEN – à une régionalisation de l’enseignement supérieur.
Un des deux représentants de QSF, Claudio Galderisi, est intervenu brièvement, lors de la première discussion, pour dire que les assises de la recherche ne semblaient pas répondre entièrement au besoin de collégialité de la communauté universitaire. Il a également ajouté que la question de la réussite des étudiants tient à cœur à tous (universitaires, étudiants, personnel non enseignant, et au-delà la société française), mais qu’elle devrait être abordée dans le cadre plus vaste de la qualité et de l’attractivité des études universitaires. (La revendication d’une revalorisation globale du métier d’enseignant-chercheur a été également exprimée par le représentant du syndicat autonome.)
C. Galderisi est également intervenu à propos du dispositif APB, en soulignant qu’un tel dispositif pouvait introduire une forme larvée de sélection, aussi bien quantitative que qualitative, le vivier de recrutement des différents académies n’étant pas le même. Il a rappelé que QSF préconise l’orientation des étudiants à travers les prérequis disciplinaires, l’introduction d’une année propédeutique, une réelle capitalisation des crédits et une formation continue. Il a également souligné que le taux d’échec de 20% mériterait d’être analysé par filières disciplinaires, en rappelant qu’il existe une forme d’auto-orientation dans les disciplines scientifiques qui explique sans doute à la fois le faible taux d’inscriptions dans ces disciplines (278 000 étudiants en SHS, en 2012, face à 175 000 en sciences), leur taux de réussite différent et le décrochage en première année d’un grand nombre de bacheliers inscrits en SHS.
Bernard Julia est aussi intervenu pour rappeler qu’« aucun chiffre n’a été donné dans la présentation des filières bac à bac+2 et bac+3 pour les « licences professionnelles » malgré leur succès et leur importance, et il a demandé que ces chiffres soient mis à la dispositions du CNESER. Il a ajouté qu’il faut distinguer les spécialités, en traitant par exemple à part la médecine qui est entièrement professionnalisée. Il a souhaité ainsi implicitement « dédiaboliser la phase de professionnalisation des études, qui est en général placée en fin de cursus « scolaire » et quelquefois partagée avec l’entreprise qui complète ». B. Julia a également suggéré de « rendre visibles (sous le nom que l’on voudra) et réformer des fins de licence (L3?), qui correspondront aux futurs parcours les plus professionnalisés de la licence générale, à l’exception peut-être des parcours de professeurs des écoles qui restent à inventer. Il a ajouté que l’on pourrait garder le nom « licences professionnelles », mais sans doute en élargissant considérablement le spectre, contrairement à ce qui se fait actuellement sous ce nom, et qui est au contraire très pointu dans chaque spécialité. Il a enfin rappelé que la licence professionnelle actuelle joue deux rôles : elle complète les formations de STS et d’IUT pour ceux qui le souhaitent et ont les bases suffisantes, et dans une moindre mesure dans les quelques exemples qu’il connaît elle sert de débouché justement plus professionnalisant pour ceux qui risqueraient l’échec en L3 général, ou simplement visent un emploi grâce au stage.