La réforme de la formation des maîtres, telle que présentée dans le projet de loi d’orientation soumis à la discussion du Parlement, ravive les inquiétudes déjà exprimées par l’Association QSF.
Cette réforme vise trois objectifs indiscutables : redonner corps à la formation professionnelle des enseignants ; revoir le dispositif de la « mastérisation » ; rendre son attractivité au métier d’enseignant en vue des recrutements massifs prévus pour les prochaines années.
Le dispositif présenté soulève toutefois trois ordres de problèmes :
1) Quelle formation professionnelle pour les enseignants ?
Les nouvelles Écoles Supérieures du Professorat et de l’Éducation (ESPE) voient leurs pouvoirs et compétences considérablement accrus par rapport à ceux des IUFM : chargées de la formation continue, elles seront habilitées, comme composantes universitaires, à délivrer des masters Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation (MEEF).
L’Association QSF s’inquiète,
- d’une possible réduction de la place des matières d’enseignement – sur la maîtrise desquelles repose toute pédagogie efficace – au sein de ces nouveaux masters, dont le cadrage national, non publié à ce jour, devrait répondre à un nouveau « référentiel de compétences » ;
- du risque de voir les départements classiques des universités aussi bien que les enseignants de terrain réduits au rôle de prestataires de services dans des formations dont les principes leur échapperont ;
- de l’absence de garanties de pluralisme pour la gouvernance des ESPE, largement contrôlée par les Ministères et par les Recteurs à travers la nomination des membres extérieurs des conseils d’École et celle des directeurs (sur proposition de ces conseils).
2) Quelle relation entre master et concours ?
Il paraît acquis que le concours (CAPES ou professorat des écoles) sera placé en fin de M1. L’année de M2, ouvrant en cas de succès sur la titularisation, devrait être de contenu différent pour les reçus et les collés du concours.
Ce dispositif porte atteinte à l’unité réelle du diplôme, et ne se conçoit que dans l’hypothèse où la non-réussite au concours relèverait désormais du cas d’école.
L’Association QSF s’interroge dans ces conditions sur l’avenir réservé, pour l’enseignement du second degré, à des concours nationaux et sélectifs.
Elle dénonce les risques de notables disparités dans le niveau académique des nouveaux masters, et craint un abaissement global du niveau de formation des futurs professeurs dans les disciplines d’enseignement, cela d’autant qu’aucune mesure consistante n’est annoncée pour le renforcement de la formation « disciplinaire » au niveau licence.
3) Quelle attractivité pour le métier d’enseignant ?
Bien qu’un volet « recherche » soit prévu dans le cadre des masters MEEF, la dissociation sera désormais très marquée entre ces masters et les masters Recherche préparés au sein des UFR.
Ce dispositif contribuera à fragiliser un certain nombre de départements universitaires.
Faute d’annonce d’un véritable système de prérecrutement, et compte tenu des tendances doctrinaires à redouter dans l’encadrement de la « professionnalisation », ce même dispositif contribuera à détourner des métiers de l’enseignement de nombreux étudiants des départements classiques.
L’association QSF demande que toutes les précisions utiles soient apportées sur le dispositif envisagé, et que de réelles garanties soient données s’agissant des équilibres fondamentaux de la formation des maîtres.
Elle demande que le cadrage des masters MEEF fasse l’objet d’une concertation nationale impliquant tous les départements universitaires concernés.