Dans un communiqué qui a dû surprendre un grand nombre d’universitaires, la Conférence des directeurs d’IUFM fait l’éloge du projet de loi d’orientation pour la refondation de l’École de la République. Selon elle, « les éléments contenus dans ce projet donnent une assise aux Écoles supérieures du professorat et de l’éducation et leur assignent des missions ambitieuses ».
Un tel communiqué peut être interprété comme une tentative de récupération de ces Écoles (ESPE) par les IUFM.
Dans son communiqué du 17 octobre, QSF s’inquiétait déjà de voir « les ESPE […] reprendre la substance des IUFM » et dénonçait le risque du retour de l’endoctrinement « pédagogiste » qui a prévalu dans les années 1980-1990. QSF s’inquiète encore plus de la volonté des directeurs des IUFM de faire d’un projet de loi une loi déjà en vigueur, avant même que le CNESER ait exprimé son avis et que la représentation nationale ait adopté ce texte.
La Conférence des directeurs d’IUFM, qui n’a pas hésité à s’adresser directement au président de la République dans une lettre ouverte datée du 3 décembre 2012, en passant ainsi par-dessus les deux ministres de tutelle, tend à confisquer à son profit ce projet de loi et à en imposer sa lecture. Elle prétend savoir ce que « la loi ne veut pas », se réjouissant par avance des crédits et des emplois qui pourront être affectés à « leurs » ESPE. Elle rappelle aux uns et aux autres : « La vigilance des directeurs d’IUFM sera donc sans faille sur la mise en œuvre de la réforme tant du point de vue des arrêtés et des décrets d’application de la loi que de ce qui commence à s’opérationnaliser sur le terrain ».
Pour défendre leurs revendications, les directeurs d’IUFM se livrent ainsi à une mise en cause inacceptable des universités et des universitaires. Selon eux, l’un des « chantiers » que favoriserait la future loi devrait « permettre de réconcilier la formation des enseignants avec l’Université ». Ces mêmes universités, ajoutent-ils, placées lors des négociations en situation de concurrence, seraient « soucieuses de prérogatives plus que de formation des enseignants ».
De telles affirmations constituent une attaque grave contre le corps des universitaires. Les missions des enseignants-chercheurs, dans les facultés des lettres et des sciences, incluent depuis toujours la formation des enseignants. Les directeurs des IUFM ne sont pas les gardiens du temple de la formation des maîtres et bien des travaux en pédagogie et en didactique se font hors du cadre de leurs établissements. Ils oublient par ailleurs que les nouvelles ESPE dépasseraient largement les contours des actuels IUFM, qui ne doivent pas se considérer comme les bénéficiaires directs de ce nouveau dispositif.
Sur le fond, QSF entend rappeler que le premier devoir des maîtres n’est pas d’« apprendre à apprendre », selon un slogan démagogique, mais bien de transmettre un savoir disciplinaire. Les universités et les enseignants-chercheurs ne peuvent pas être réduits au rôle de prestataires de services dans des formations dont les principes leur échapperaient.
À l’opposé des directeurs d’IUFM, QSF s’interroge sur l’avenir réservé, pour l’enseignement du second degré, à des concours nationaux sélectifs. QSF craint un abaissement global du niveau de formation des futurs professeurs dans leur discipline d’enseignement.
Quant à elle, QSF exercera sa vigilance sur les équilibres fondamentaux de la formation des maîtres et sur les conditions dans lesquelles sera fait le cadrage national des masters MEEF.