Résumé: Sous les auspices de l’OCDE notamment, une vision libérale de l’enseignement supérieur et du savoir s’est imposée progressivement dans de nombreux pays développés, sous couvert de pragmatisme et d’évolutions imposées, présentées comme indispensables et évidentes. Pourtant, ces évolutions n’ont rien de naturel. Elles relèvent d’une idéologie managériale exogène aux us et coutumes universitaires, dont l’application se révèle même contreproductive. On peut alors parler de dérives pour les universités, qui mettent en péril les modes de travail des universitaires et des personnels académiques en général. Sous ces coups de boutoir, les universités se liquéfient, elles se bureaucratisent, entrent stérilement dans un esprit de compétition mal placé, de sorte qu’un sentiment d’aliénation professionnelle s’empare de plus en plus des personnels, chacun se sentant dépossédé de son outil de travail et perdant progressivement le pouvoir de définir le sens des missions de l’université. Ces dérives sont lourdes de conséquence et la qualité de la recherche et du service rendu aux étudiants ne peut que s’en ressentir.
[Abstract: Under the auspices of the OECD in particular, a liberal vision of higher education and knowledge has gradually been imposed in many countries, under the guise of pragmatism and changes imposed, presented as inescapable and obvious. However, these developments are not so natural. They are part of a managerial ideology exogenous to academics traditions, whose application proves even counterproductive. We can then speak about drifts for universities, endangering the working methods of academics and academic staff in general. Under these onslaughts, universities are liquefied, bureaucratised, and they adopt sterilely a spirit of competition misplaced, in order to a feeling of professional alienation takes more staff, each feeling oneself dispossessed of his tool work and gradually losing the power to define the meaning of the missions of the university. These drifts have heavy consequences for research and quality of service provided to students.]
Dérives des universités, périls des universitaires
Article paru dans la revue Questions de communication, accessible sur revues.org
http://questionsdecommunication.revues.org/6812
Ce texte sera discuté par des collègues français et étrangers dans les prochaines livraisons de la revue.
Arnaud Mercier
Centre de recherche sur les médiations Université de Lorraine