L’abandon de l’enseignement du latin et du grec au collège que consacrent définitivement les dernières réformes de l’Education nationale, l’évolution de l’agrégation de lettres classiques, où la place des langues anciennes se réduit de plus en plus, marquent clairement la volonté de l’Education nationale d’éradiquer les humanités des collèges, puis bientôt des lycées et par voie de conséquence à moyen terme des universités. Le latin et le grec ont favorisé la constitution non seulement de notre langue mais aussi des savoirs scientifiques, philosophique et juridique. Ils ont contribué à la formation de l’Europe et à l’émergence de l’esprit critique propre à notre modernité. QSF dénonce cet abandon des études classiques. Il s’agit d’une erreur d’un point de vue à la fois pédagogique, intellectuel et scientifique.
S’il importe d’apprendre à apprendre, alors l’apprentissage des langues et des écritures, qui constituent non seulement des objets mais aussi les moyens du savoir, doivent occuper toute leur place ; c’est pourquoi QSF s’étonne que l’on substitue à l’enseignement des langues anciennes une simple information généraliste et floue sur l’histoire et les cultures antiques. La culture antique passe nécessairement par les textes, et les textes par l’apprentissage de la langue. QSF est hostile à l’ersatz mis en place par le ministère de l’Education nationale. Il s’agit d’une solution insatisfaisante, dont les bénéfices en matière de formation apparaissent bien moindres. Partout ailleurs, aux Etats-Unis, en Finlande, réputée pour la qualité de ses programmes pédagogiques, voire en Chine, l’intérêt didactique des langues anciennes est de plus en plus reconnu, leur enseignement de mieux en mieux diffusé. Loin d’être une pratique didactique élitiste, l’apprentissage des langues classiques favorise une transmission humaniste et culturelle, qui risque d’être autrement le privilège des classes aisées. Le grec et le latin sont à la source de l’apprentissage des fondamentaux que l’Ecole publique doit offrir à tous les écoliers.
QSF rappelle que l’apprentissage de ces langues développe la capacité d’analyse et de synthèse et favorise une plus grande sensibilité aux différences culturelles. Le latin et le grec forment ainsi de véritables compétences qui constituent un atout formidable pour l’accès au monde du travail. C’est ce qu’ont souligné un grand nombre de chercheurs, mais également plusieurs responsables de grandes entreprises, pour lesquels l’étude des langues classiques contribue à la formation de profils originaux et offre aux jeunes une capacité rare d’expression et de problématisation. Une bonne formation en grec et en latin ouvre la voie aux parcours de l’enseignement et de la recherche et peut être une excellente porte d’entrée dans la vie professionnelle.
QSF dresse le même constat pour l’ensemble des enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) que le ministère de l’Education nationale vise à mettre en place dès la rentrée prochaine. Avec les enseignements pratiques interdisciplinaires, l’offre didactique que proposera l’Education nationale ne se distinguera guère de ce que la simple navigation sur internet peut fournir aux écoliers français. La refondation de l’Ecole annoncée par l’Education nationale conduit, pour QSF, à la perte de sa singularité dont dépendent pourtant le sens de sa mission publique et sa légitimité sociale.
QSF invite donc la ministre de l’Education nationale à réfléchir aux effets néfastes que produirait l’abandon de l’enseignement des langues classiques, y compris dans une perspective de professionnalisation. QSF estime qu’il est encore temps pour corriger la dernière réforme du collège et réintroduire dans les programmes scolaires l’étude du grec et du latin.