Le 28 mai, les universitaires et les chercheurs ont voté pour élire le CNESER dans sa nouvelle composition, issue de la modification du décret (décret n° 2014-1421 du 28 novembre 2014). Désormais, les collèges des universitaires et des chercheurs sont séparés et le nombre d’élus universitaires a diminué puisqu’il se limite désormais à 20 membres élus (10 PR et 10 MCF et assimilés). On notera au passage que le nombre d’élus étudiants (11) est supérieur à celui des professeurs … Au total, le nombre d’élus est de 54 personnes sur un total de 100 membres. On aurait voulu diminuer la représentativité du CNESER que l’on ne s’y serait pas pris autrement. La faible proportion des membres enseignants-chercheurs élus diminue encore davantage la légitimité de cette institution censée pourtant représenter l’enseignement supérieur et émettre des avis pouvant éclairer les décisions du ministère par son rôle de conseil ;
1/ La première leçon de ce scrutin est le nombre toujours plus important d’abstentions. Les chiffres parlent d’eux-mêmes[1]. Pour les universitaires, le taux de participation est de 13% pour les professeurs, et il baisse à 10,5% pour les maîtres de conférences. Autrement dit, le taux d’abstention atteint des records : 87% pour les professeurs et 89,5% pour les maîtres de conférences. Les résultats de la participation sont à peine meilleurs chez les chercheurs, puisque pour cette catégorie, où il n’y a pas de différence de collèges, le taux de participation s’élève à 26%. La participation est correcte uniquement pour le personnel des bibliothèques, chez qui ’elle dépasse 50%.
Ces chiffres démontrent ce que l’on savait déjà : les élections du CNESER ne passionnent pas les universitaires. Mais ils contiennent un autre enseignement, que QSF avait déjà mis en lumière dans un précédent communiqué : loin d’augmenter la légitimité et la représentativité du CNESER, la récente réforme ministérielle les a diminuées. En prenant le risque de faire des universitaires et des chercheurs une minorité au sein de cette institution, le gouvernement n’a pas agi de manière à renforcer cette institution. Quant au ministère, il n’a fait aucun des efforts que QSF avait suggérés (vote électronique, couplage avec les élections du CNU, etc.) pour que la participation soit plus élevée. Le contraste avec les élections au CNU, où le taux de participation est de plus de 50%, est saisissant.
Le résultat est évident : déjà faiblement légitime au regard de la communauté universitaire, le CNESER l’est encore moins aujourd’hui et par sa composition et par sa représentativité.
2/ La seconde leçon porte sur la progression enregistrée par QSF dans le collège des professeurs, le seul ou notre association était présente. Nous ne pouvons que nous en réjouir. Avec 561 suffrages sur 2778 votants, QSF a obtenu deux sièges à égalité avec le SGEN et se situe juste derrière le SNESUP, qui passe de 4 à 3 sièges. Par rapport aux élections de 2011, QSF a progressé de 50% en pourcentage de votants et de 30% dans l’absolu (passant de 13,7% à 20,2% des suffrages exprimées), alors que tous les syndicats ont plus ou moins sensiblement régressé.
Il est permis de penser que le résultat de QSF aurait été encore meilleur si notre association avait été pu partout utiliser la liste collective des enseignants dans chaque Université, mais dans certaines universités, les modérateurs n’ont pas voulu autoriser ce canal pour faire diffuser les messages électoraux, ce qui a sans doute pénalisé QSF.
3/ La troisième leçon est extra-électorale et fera l’objet d’un prochain communiqué. Mais il est important de souligner dès à présent que la comparaison entre le nombre d’inscrits de 2011 (108 771) et de 2015 (102 011) dans les collèges des enseignants-chercheurs et des chercheurs fait apparaître un résultat que le ministère et la CPU ont toujours souhaité cacher. Alors que ceux-ci prétendent que depuis 2011 le nombre de collègues aurait augmenté de 3000 postes, il a en réalité baissé de 6770 !
On comprend mieux pourquoi QSF n’a jamais obtenu de réponse de la Directrice de l’enseignement supérieur sur l’état exact de la situation.
Plutôt que de se réjouir de ses propres résultats électoraux, QSF est plutôt enclin à regretter ce que ces élections trahissent : une légitimité de plus en plus faible du CNESER et une érosion inquiétante des effectifs universitaires, volontairement dissimulée par nos gouvernants.
Il est vraiment urgent de repenser la représentation des universitaires et de trouver des moyens pour que les « décideurs » soient enfin à l’écoute des universitaires qui croient encore que leur métier c’est enseigner et chercher.
QSF exprime sa gratitude à tous les professeurs qui ont manifesté leur soutien à sa liste et s’engage à poursuivre son action au service de la qualité et de la liberté universitaires.