Une pratique totalement abusive et parfaitement contraire au décret n° 88-654 du 7 mai 1988 relatif au recrutement d’Attachés Temporaires d’Enseignement et de Recherche (ATER) dans les établissements publics d’enseignement tend à se répandre au sein des universités françaises. Elle consiste à ne proposer aux doctorants ou aux jeunes docteurs recrutés qu’un contrat de dix mois, afin d’économiser deux mois de traitement pendant la période d’été. Le dernier exemple concerne l’Université du Havre.
QSF juge inacceptable un procédé qui voit le traitement s’arrêter avec la fin de l’activité didactique. Un tel traitement est non seulement profondément injuste, mais aussi illégal. Le décret statutaire précité prévoit en effet, en ses articles 5 et 6, une durée de fonction qui peut varier suivant les cas, mais qui est systématiquement prévue pour une période de un, deux, trois ou quatre ans. Cela s’explique par les missions des ATER, qui, comme leur nom l’indique, doivent assurer non seulement des charges d’enseignement, mais aussi de recherche dans le cadre de la préparation d’un doctorat ou d’un concours de recrutement de l’enseignement supérieur. Or, c’est précisément pendant la période estivale que les ATER, libérés des contraintes de l’enseignement et des autres activités pédagogiques, peuvent se consacrer pleinement à leurs travaux de recherche. Aligner la durée de rémunération des ATER sur la seule période d’activité didactique revient donc à nier ce qui fait leur spécificité et qui justifie d’ailleurs leur place au sein de l’université, lieu où l’enseignement et la production de nouveaux savoirs sont indissolublement associés.
QSF est hostile à une gestion purement comptable de la mission didactique de nos universités, qui, étranglées depuis des années par une autonomie de façade, sont de plus en plus tentées d’avoir recours à de tels expédients pour essayer en vain d’équilibrer des finances exsangues.
QSF défend le statut et les missions des ATER, qui, au regard de leurs niveaux de qualification et de leurs charges d’enseignement, rendent des services précieux pour une rémunération des plus modestes. Les économies faites sur le dos de ces collègues précaires en disent long sur une certaine conception du gouvernement universitaire et sur le peu de considération dont quelques présidents d’université font preuve à l’égard de jeunes enseignants qui, fussent-ils apprentis, entendent demeurer des chercheurs.
Ce même processus conduit un grand nombre de nos facultés à privilégier le recrutement de professeurs agrégés (PRAG) au détriment de jeunes docteurs, qui peinent de plus en plus à s’insérer dans l’enseignement supérieur. QSF rappelle à ce propos que les PRAG, dont l’obligation de service est le double de celle d’un jeune maître de conférences (384 heures par rapport à 182 heures), ne sont pas des enseignants-chercheurs (décret n° 93-461 du 25 mars 1993).
Une telle vision de l’enseignement des universitaires est contraire à l’esprit et à la lettre des textes qui régissent le recrutement universitaire et pénalise gravement toute une génération de jeunes chercheurs, rendant de plus en plus difficile un renouvellement de qualité des enseignants-chercheurs.
QSF appelle le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, la Conférence des présidents d’universités et toute la communauté universitaire à une réflexion ambitieuse et courageuse sur de nouveaux moyens de financement de l’université française qui lui permettent de remplir dignement l’ensemble de ses missions historiques.