En dépit d’une mobilisation des universitaires aussi intense que les circonstances le permettent, l’Assemblée nationale a voté ce mardi 17 novembre la loi de programmation de la recherche telle qu’adoptée le lundi 9 novembre par la commission mixte paritaire.
D’ultimes rencontres entre certains collègues, notamment juristes, et Mme Frédérique Vidal n’ont pas infléchi l’attitude de la ministre, satisfaite de sa loi autant que méprisante envers les universitaires, comme en témoigne sa tribune, au ton tout à fait inhabituel, parue en ligne dans Le Monde le 12 novembre.
À la différence de nombreuses organisations, QSF ne considère pas que cette loi aboutira nécessairement à une « précarisation » de l’université française. En revanche, cette même loi doit désormais être dénoncée avec la plus grande fermeté du fait qu’elle supprime, sous couvert d’expérimentation, la nécessité de qualification par le CNU pour le recrutement des enseignants-chercheurs (maîtres de conférences et professeurs). La qualification constitue actuellement, dans la plupart des domaines, l’unique et relatif contrepoids à des recrutements privilégiant l’implantation locale des candidats et sacrifiant en conséquence l’examen sérieux de leur dossier scientifique. Les dénégations de la ministre ne peuvent faire illusion : faute d’énergiques mesures compensatrices, la présente réforme débouchera de manière mécanique sur une dégradation du niveau de recrutement des enseignants-chercheurs.
La destruction de ce pilier de la constitution universitaire est l’œuvre d’un amendement déposé de nuit et à la sauvette par un sénateur avec la complicité active de la ministre. Insane sur le fond, scandaleuse sur la forme, cette mesure adoptée sans aucune discussion préalable aura eu du moins le mérite de confirmer toute une méthode. C’est la même méthode qui s’était illustrée au CNESER – instance dont la légitimité est foulée aux pieds puisque la présente mesure ne lui a jamais été soumise – le 19 juin dernier, quand la création des chaires de professeurs juniors a été acquise au prix d’une promesse d’augmentation des promotions locales de maîtres de conférences par concours réservés. Faciliter les promotions internes tout en livrant aux présidents d’université la haute main sur les recrutements : telle se révèle la grande ambition de ce volet de la LPR !
Cherchant à présent à désamorcer l’opposition d’une collectivité quasi unanime, la ministre annonce, pour les lendemains du vote de la loi, une concertation relative à sa mise en œuvre. QSF refusera de s’y prêter. Madame la Ministre, on ne peut mépriser à ce point les universitaires et les inviter au dialogue. Vous avez choisi, nous aussi.