La nouvelle présidence des États-Unis d’Amérique vient de déclarer la guerre à l’ensemble des institutions indépendantes : agences fédérales, magistrature, médias, établissements culturels, ministère de l’éducation… Dans le viseur de ce pouvoir destructeur figurent en bonne place les organismes et laboratoires de recherche scientifique (pour autant que celle-ci ne sert pas de manière immédiate les industries prédatrices), et les universités avec leurs libertés traditionnelles. Des chercheurs et chercheuses de renom ont été brutalement remerciés, et les licenciements en vue se comptent par milliers.
Les mots manquent pour qualifier cette tornade de décrets, certains apparemment illégaux, et tous propres à répandre stupeur et consternation non seulement chez les personnels concernés, mais dans toute opinion un peu éclairée. Si cette sorte de politique devait perdurer, le rayonnement international des États-Unis et leur puissance même connaîtraient bien vite un déclin des plus sévères. Les conséquences de tous ordres, notamment en matière de santé et d’environnement, s’annoncent incalculables.
Dans l’immédiat, tout doit être fait pour assurer l’accueil des chercheurs qui souhaiteraient rejoindre l’Europe, et pour marquer la solidarité des universitaires français avec leurs collègues américains. Alors qu’en France comme dans d’autres pays les coupes budgétaires deviennent la règle dans les divers secteurs de la recherche et de l’enseignement supérieur, c’est au contraire un nouvel effort de financement qui s’impose pour leur consolidation.
Les mesures d’inquisition, d’intimidation et de refoulement dont certains collègues ont été victimes lors de leurs déplacements professionnels sont intolérables et devraient faire l’objet de vives protestations de la part des pouvoirs publics de leur pays d’origine.
Ces bouleversements interviennent sur fond de polémiques développées ces dernières années – outre-Atlantique mais aussi en Europe et en France même – sur les évolutions de la recherche, notamment en sciences sociales, et sur l’expression publique des opinions et des revendications collectives au sein des universités.
QSF tient à rappeler que seules les autorités académiques et scientifiques sont compétentes en premier lieu pour la gestion des problèmes afférents, et qu’aucun pouvoir exécutif n’est habilité à intervenir en ces matières de manière discrétionnaire. (Voir nos communiqués ICI et ICI)
Dans un contexte où la liberté académique est exposée à des menaces croissantes, notre association appelle à la plus grande vigilance et à la plus large coordination dans les actions qui s’imposent.