Une pratique totalement abusive, et contraire à ce que prévoit le décret statutaire sur les enseignants-chercheurs, tend à se répandre depuis plusieurs années. Du fait des problèmes financiers qu’elles rencontrent, certaines universités, ou certaines UFR dans les universités, imposent aux enseignants-chercheurs de faire plus d’heures de cours, en « transformant » partie ou, dans certaines disciplines, totalité des CM (cours magistraux) en TD (travaux dirigés), contraignant ainsi les enseignants à augmenter sensiblement leurs heures de cours et à diminuer par conséquent leur temps de recherche. La définition même du TD a été en même temps profondément changée : il ne désigne plus un type de cours différent par sa nature et sa vocation didactiques, mais se trouve défini par le nombre d’étudiants inscrits.
Dans ce contexte préoccupant, QSF ne peut que se réjouir de la décision du tribunal administratif de Lyon, du_9_mars_2016, donnant raison au recours d’un groupe d’enseignants-chercheurs pour annuler la décision du Président de l’Université de Lyon 2 de requalifier en TD tout cours suivi par moins de 40 étudiants. Cette décision du tribunal administratif se fonde sur le fait que le TD ne se définit pas quantitativement, par le nombre d’étudiants, mais qualitativement, par les modalités de participation des étudiants au cours.
Cette décision va dans le bon sens. Elle reste cependant insuffisamment précise sur les motifs invoqués. Deux questions posées par des étudiants en fin de cours ne suffisent pas à faire d’un cours magistral un TD. QSF tient donc à rappeler les principes suivants:
1. Le terme de TD renvoie à des travaux d’étudiants dirigés par des enseignants, et non au cours du professeur suivi par les étudiants. La préparation moindre d’un tel cours par rapport à un cours magistral et le fait que l’évaluation se fasse normalement pendant le cours et non en-dehors de celui-ci justifient le coefficient horaire, qui fait qu’une heure de TD soit comptabilisée aux deux-tiers d’une heure de CM.
2. Un vrai TD vient en complément didactique d’un cours, et non en remplacement de celui-ci.
3. Pour remplir sa fonction, un TD doit se faire avec des petits groupes, de sorte que chaque étudiant puisse participer activement et que l’enseignant puisse assurer un suivi individualisé – ce qui n’est certainement pas le cas avec des effectifs de 40 étudiants.
4. En tout état de cause, ce n’est pas le nombre d’étudiants qui définit le TD. Un cours d’agrégation, par exemple, peut se faire avec de faibles effectifs, tout en restant un cours magistral, demandant de la part de l’enseignant un travail considérable de documentation et de rédaction. Ce qui définit le TD comme tel, c’est bien la nature du cours.
QSF demande que soit supprimée, là où elle existe, cette modulation de service masquée, qui introduit une discrimination entre les enseignants de différentes universités, et, parfois, au sein d’une même université entre différentes composantes et différents départements. Une telle modulation de service, qui aboutit à réduire le temps de recherche des enseignants-chercheurs concernés et, incidemment, à diminuer leur chance d’obtenir une PEDR, un avancement par le CNU ou une nomination à l’IUF, nuit profondément à la différenciation didactique entre recherche enseignée (CM) et pratiques pédagogiques (TD), contribuant un peu plus à la secondarisation de l’enseignement supérieur.