Le système universitaire français souffre d’une contradiction bien connue : on déplore l’échec énorme à la fin de la première année du premier cycle, mais on interdit la sélection à l’entrée de l’université. La possibilité pour les universités d’orienter ailleurs des étudiants a pour objectif de limiter la sélection par l’échec, qui perpétue une forme de ségrégation culturelle et économique. Ceux qui défendent pour ces étudiants le droit automatique à la première année de l’université ne leur rendent pas service.
Pour QSF, l’introduction des prérequis permettra d’éviter un tel gâchis. Le caractère prescriptif des prérequis implique cependant la création d’une année propédeutique pour toutes les filières de l’enseignement supérieur. Cette année propédeutique devrait permettre à ceux qui ne possèdent pas les attendus de les acquérir et à ceux qui désirent changer de filière d’avoir les moyens de le faire. Dans le système actuel, toutes les filières post-bac (classes préparatoires, Grandes-Écoles, Écoles de commerce, BTS, IUT, écoles privées) sont sélectives, seule l’université ne l’est pas. Et puisque le code de l’Éducation prévoit le droit à la poursuite des études pour tous les bacheliers, cela veut dire qu’en l’état l’université est la seule institution de l’enseignement supérieur à devoir garantir l’exercice de ce droit. La perte d’attractivité de l’université pousse les meilleurs étudiants à s’orienter vers les filières sélectives et un nombre croissant d’excellents bacheliers généraux à choisir les BTS et les IUT, contraignant en retour les bacheliers professionnels et technologiques à aller par défaut vers l’université.
QSF souhaite une refonte de l’accès au premier cycle qui concerne donc l’ensemble du système. Chaque filière doit retrouver sa vocation. Il est impératif que les capacités d’accueil des BTS et des IUT soient augmentées de manière considérable, afin de permettre à ces filières d’accueillir de manière prioritaire les bacheliers professionnels et technologiques.
QSF propose les trois dispositifs suivants.
Prérequis
Pour QSF, l’orientation obligatoire des étudiants devrait se faire à travers la prise en compte des prérequis disciplinaires. Ces prérequis devraient être fixés par les équipes pédagogiques dans le respect de l’autonomie universitaire et en fonction des attendus de chaque diplôme. Ils devraient pouvoir être évalués à partir du parcours de la dernière année de lycée et des notes du Bac, la compensation de ces notes ne pouvant pas garantir l’acquisition des prérequis.
Année propédeutique
Lorsque l’étudiant ne satisfait pas aux prérequis ou lorsqu’il est issu d’une filière qui ne lui a pas permis de les acquérir (ex. : un bachelier littéraire voulant s’inscrire en mathématiques ou un bachelier technologique en lettres modernes), l’étudiant doit être orienté vers une année propédeutique spécifique. L’année propédeutique constituerait à la fois un lieu de formation et de remédiation disciplinaires et un sas de réorientation ou de professionnalisation. Elle pourrait par exemple être organisée en deux semestres. Lorsque le premier semestre n’est pas validé, l’étudiant serait réorienté au début du second semestre soit : a) vers une formation propédeutique à une autre filière (en conformité avec ses vœux) ; b) vers une formation en apprentissage.
« Projet didactique personnalisé » et capitalisation des crédits
À la place du « contrat de réussite » préconisé par le ministère, QSF estime que l’on devrait encourager la responsabilisation des étudiants. Les étudiants admis aux études supérieures devraient pouvoir valider avec l’équipe pédagogique un « projet didactique personnalisé » leur permettant de construire un plan de formation adapté à leur parcours, à leur motivation et à leurs aptitudes.
QSF propose la suppression de la compensation, véritable aberration pédagogique, et l’introduction d’une « capitalisation personnalisée des crédits », plus conforme aux accords de Bologne. Il s’agirait d’offrir à tous les étudiants la possibilité de capitaliser les crédits liés aux UE selon un calendrier personnalisé, approuvé par l’équipe pédagogique.
QSF espère que les syndicats universitaires ne s’abriteront pas derrière la plainte récurrente du manque de moyens, que la Conférence des présidents d’universités défendra les intérêts de nos facultés et que les responsables politiques auront le courage de saisir cette occasion historique et restituer ainsi l’université à sa mission première : la transmission des savoirs, l’élaboration de connaissances nouvelles et la maturation de l’esprit critique et scientifique.