Un an après l’élaboration d’une nouvelle réforme de recrutement des enseignants, un décret vient d’être publié, actant les grandes lignes esquissées l’année dernière pour remédier au peu de candidats pour le professorat, notamment du secondaire. Il est donc décidé que le concours est à Bac+3, c’est-à-dire concrètement que les épreuves ont lieu lors du deuxième semestre de la licence, alors qu’actuellement elles se situent en M2 du master MEEF pour le CAPES. La préparation se ferait dans un module spécifique dont on ne sait s’il s’ajoute ou se substitue aux licences actuelles. Le master quant à lui est beaucoup plus une préparation aux métiers même si des savoirs disciplinaires continuent à être enseignés.
Toute la question repose sur ce point. Si on comprend bien la nécessité d’avoir des candidats plus nombreux avec une meilleure reconnaissance d’un statut d’élèves-stagiaires, QSF ne peut accepter que l’on recrute des enseignants dont le savoir disciplinaire est fragile. Il y a un an, nous insistions sur « sur la nécessité absolue pour les licences disciplinaires, fondement pour un futur enseignant du secondaire, de rester centrées sur les bases indispensables pour chaque étudiant : connaître, explorer, maîtriser, considérer aussi bien les termes, concepts, les objets, les données, les méthodes que les langages de sa discipline, pas seulement par goût personnel, mais pour avoir une solidité pour toute profession et notamment pour le métier de professeur, et être capable de transmettre la passion de l’esprit critique ». La maîtrise du savoir disciplinaire est essentielle car c’est sur cette base que se fondent une didactique de qualité et des pratiques pédagogiques à la fois adaptées aux savoirs et à ce que sont les élèves. Les actuelles statistiques sur la baisse du niveau des élèves français dans les matières fondamentales par rapport à d’autres pays le prouvent : la compétence et la culture des enseignants sont le fondement d’un enseignement de qualité.
Former et recruter les enseignants est un enjeu fondamental pour la société d’aujourd’hui et de demain. C’est pourquoi toute réforme a un impact considérable et n’est pas seulement un ajustement d’effectifs. QSF souhaite très vivement que les deux années de master permettent aux futurs enseignants du second degré d’arguer d’un véritable niveau bac + 5 et que la formation disciplinaire soit assurée dans un cadre universitaire et dans une proportion suffisante pour asseoir des connaissances et une culture. IL faut rappeler d’ailleurs qu’actuellement les professeurs certifiés peuvent avec le master se préparer au concours d’agrégation ou s’orienter vers un doctorat. Le master des futurs professeurs, pour ne pas être une voie sans possibilité d’accéder à un grade supérieur, doit donc avoir cette part importante de savoirs et de méthodologie pour y accéder.