Contribution
de Qualité de la science française (QSF)
au débat sur l’avenir
du statut des universitaires
Depuis plusieurs
mois, la Commission Schwartz réfléchit au statut et à la condition des
personnels de l’enseignement supérieur. Le 25 mars 2008, une délégation de QSF,
composée de trois membres (Olivier Beaud, Pierre Schapira et Paolo Tortonese),
a été reçue par elle. À la suite de cette audition, QSF souhaite participer au
débat et a rédigé la présente contribution qui reflète sa position relativement
à la condition des enseignants universitaires
Rappelons que, si QSF avait bien accueilli l’idée de
rendre plus autonomes les universités – idée qu’elle a toujours défendue –,
elle a été amenée à prendre ses distances par rapport à la loi du 10 août 2007 (« loi
relative aux libertés et responsabilité des universités », dite « loi
Pécresse »). Lors des débats
parlementaires, QSF avait alerté, en vain, les pouvoirs publics sur les dangers
contenus dans le mode d’élection du président d’université qui aboutissaient à
faire des étudiants les arbitres ultimes de l’élection. En outre, QSF estime
que, concernant l’objet propre de la Commission Schwartz, cette loi encourt
deux critiques majeures : d’une part, en raison de ce qu’elle contient ;
d’autre part, en raison de ce qu’elle élude.
1. Dans son contenu, la loi
est critiquable sur un point décisif : elle attribue au président de l’université
des facultés excessives dans le domaine « scientifique » où il ne devrait
pas avoir de pouvoir, c’est le cas pour le recrutement (avec son droit de veto)
et c’est aussi, d’après des informations récentes, le cas dans le domaine
réglementaire, puisqu’on lui attribuerait la faculté de distribuer les primes
de recherche et d’encadrement doctoral. Cette concentration des pouvoirs se
fait au détriment d’un principe fondamental, inhérent à une véritable
constitution universitaire : la décision collégiale pour tout ce qui
concerne la carrière scientifique.
2. Mais la loi est aussi
critiquable pour ce qu’elle omet : l’obligation
de mobilité. L’Université en France souffre d’un mal terrible que tout le
monde connaît, le localisme. L’obligation de mobilité aurait contribué à l’éradiquer.
La loi ne l’a pas introduite car, une fois de plus, le lobby des présidents d’université
a eu raison du courage des hommes politiques. Il y a ici une contradiction
manifeste dans cette loi entre la prétendue autonomie qu’elle revendique et les
moyens utilisés qui annihilent la concurrence que suppose une autonomie
fructueuse. C’est en partie pour cette raison que l’on ne peut pas prétendre
que cette loi du 10 août 2007 est une loi libérale au bon sens du terme. On
reviendra sur ce point à propos de l’exeat.
Cette double précision
critique étant faite, on peut aborder la question de l’amélioration du statut
des universitaires. Mais un tel projet ne peut être mené à bien que si on
réfléchit d’abord à ce qu’est justement le métier d’universitaire, question
souvent oubliée alors que sa compréhension conditionne la façon dont on doit
envisager les droits et obligations de l’universitaire, tout comme sa condition
matérielle.
I. Qu’est-ce
qu’un universitaire ? Réflexion préalable à toute discussion sur son
statut
Nous commencerons par une
remarque d’ordre sémantique. On parle désormais d’enseignant-chercheur alors
que le mot d’universitaire est bien plus parlant et bien plus noble pour
évoquer la personne en question : un universitaire est quelqu’un qui, par
vocation, fait des études approfondies – ce qu’on appelle de la recherche – et
qui à partir de ses recherches enseigne à des étudiants une grande partie de
son savoir. Bref, « l’universitaire
est un savant qui enseigne », voici la définition qu’on peut retenir. À
la fois la recherche et l’enseignement sont essentiels dans l’appréhension du
métier d’universitaire. QSF considère que toute réforme qui viserait à
privilégier systématiquement l’un au détriment de l’autre serait réductrice et
dangereuse : les étudiants ont besoin d’avoir de bons enseignants qui
puissent transmettre à la fois leur savoir et le goût de leur discipline.
Il résulte de cette
définition deux propositions :
-
On ne peut pas dissocier les deux fonctions qu’on
associe, dans ce mot malheureux, d’enseignant-chercheur. L’enseignement et la
recherche font une unité indissociable. Plus fondamentalement, c’est cette
unité qui fait le cœur de son métier, et qui le fait en France comme ailleurs.
De ce point de vue, le pur chercheur, type CNRS, est une exception dans le
monde, et, quitte à choquer et à rallumer inutilement un conflit des
corporations, on dira ici que c’est devenu une exception choquante et un luxe
anachronique dans un État comme celui de la France.
-
La seconde proposition est la suivante : la
multiplication des fonctions ou des missions imposée aux universitaires, à
laquelle on assiste aujourd’hui, est problématique. On rappelle pour mémoire
ces fonctions rajoutées : les fonctions administratives au sens large, qui
impliquent la gestion de l’université et aussi l’animation collective de la
recherche, et en second lieu la fonction d’évaluation. Or, quoi qu’en dise le
discours officiel, ces nouvelles missions sont largement « parasitaires »
par rapport au cœur du métier. De ce point de vue, une des plus graves erreurs
que pourraient commettre les gouvernants, c’est de mettre à égalité les
fonctions administratives et gestionnaires avec la double fonction constitutive
du métier d’universitaire.
-
Bref, on l’a compris, QSF n’est pas favorable à
cette prétendue « plus grande diversité de missions » (rapport Belloc) qu’il
faudrait reconnaître à l’universitaire, car cette mise sur le même plan de
fonctions différentes revient à nier justement ce qui fait à la fois l’essence
et la dignité du métier d’universitaire.
Sur ce point, on conclura d’une
formule : la multiplication de nos tâches affecte ce qui est le principal
capital d’un universitaire : son temps disponible, le temps qu’il avait
pour lire et réfléchir, voire pour écrire.
S’il y avait un message à faire passer à la Commission Schwartz et auprès de l’opinion
publique, ce serait bien celui-ci : ce dont manque le plus les universitaires français d’aujourd’hui, c’est
incontestablement de temps. Et tout l’enjeu d’une réforme intelligente qui
voudrait sauvegarder une certaine dignité à l’Université, serait justement de
redonner à l’homo academicus du
temps. C’est ici que des questions très pratiques, d’ordre matériel,
interviennent. C’est donc le moment de les aborder.
II. Les
propositions de réforme
Les réformes qu’on peut proposer pour améliorer la
situation des universitaires en fonction doivent, selon nous, nécessairement
concilier l’idée d’adapter leur statut à la nouvelle autonomie concurrentielle
avec l’indispensable protection de leur liberté. Cette liberté est une
condition indispensable de l’activité scientifique car il n’y a pas de recherche
universitaire digne de ce nom sans une liberté de celui qui l’effectue. En
France, cette liberté est garantie par une institution qui est le principe d’indépendance des professeurs,
reconnue jadis par la coutume, aujourd’hui comme ayant valeur constitutionnelle.
Son rôle – soulignons-le – est d’être une garantie statutaire de protection
juridique contre des immixtions illicites du pouvoir, que ce pouvoir soit
politique, économique ou encore administratif. Il n’est pas certain que le
législateur ait bien respecté ces principes de liberté et d’indépendance ;
c’est pourquoi on se permet de les rappeler ici pour expliquer le sens de notre
démarche.
Les propositions qui suivent se conforment, on l’espère,
à cette double exigence : adapter le statut des universitaires pour
préparer l’avenir, mais dans le respect des « libertés
universitaires », socle indispensable de toute Université et de l’Université
française en particulier. L’adaptation doit porter sur trois points : d’abord,
le recrutement, ensuite la différenciation des carrières et des services, enfin
l’évaluation.
1. Le recrutement : c’est probablement le point le plus faible de
la loi Pécresse, alors même que c’est avec le recrutement que se joue l’avenir
de l’Université. La condition d’existence de bonnes universités, c’est de
disposer de bons universitaires. L’évaluation peut maintenir un certain niveau
d’exigence, mais elle ne peut pas – par définition – corriger un mauvais
recrutement.
On voudrait ici souligner
deux points :
a. L’institution du
« comité de sélection » est une fausse bonne idée. Comme souvent, le
ministère invente des solutions irréalistes ; il sera très difficile de
trouver des membres extérieurs suffisamment disponibles pour faire correctement
ce travail de recrutement. En outre, rien ne prouve que ces membres extérieurs
seront impartiaux car « l’extériorité » ne signifie pas toujours l’impartialité.
Enfin et surtout, le transfert du pouvoir de recrutement de la commission de
spécialistes au conseil d’administration, impliqué par les termes de l’article
25 de la loi (Art.
L. 952-6-1), signifie que les disciplines perdent leur autonomie en matière de
recrutement.
À ce propos, QSF rappelle
son attachement au principe fondamental de cooptation des universitaires qui
est un élément essentiel de leur statut et qui est le seul moyen de garantir le
maintien d’un bon niveau de recrutement dans les universités. QSF milite pour
que les universitaires aient davantage de temps pour recruter leurs collègues.
b. La loi étend – innovation majeure – le
recrutement de personnels contractuels et notamment le recrutement de
personnels enseignants. Si cette liberté peut être une source d’enrichissement
pour l’Université, elle contient un double risque majeur : certaines
universités pourraient être tentées de recourir à ces contractuels pour
recruter des qualifiés CNU qui n’auraient pas trouvé d’affectation ou, plus
grave encore, pour recruter des docteurs non qualifiés CNU. Le risque serait
alors qu’on ait des postes de « professeur d’université contractuel ».
Le risque corrélatif est à
terme d’avoir une opposition dans les établissements entre les titulaires
(bénéficiant de garanties statutaires) et des contractuels (corvéables à
merci).
Le ministère doit veiller
absolument à sanctionner les universités qui auraient un trop grand pourcentage
de masse salariale consacrée à ces contractuels – montant qui, selon la loi,
devrait figurer dans le contrat quadriennal d’établissement, ce qui prouve que
le ministère est bien conscient du problème.
2. La différenciation des services et la revalorisation de la carrière
a. Une différenciation des services ? Oui, mais pour de bonnes
raisons !
Alors que la loi de 1984 sur
les universités prévoyait une différenciation assez nette des services, avec
une modulation d’heures selon le type d’enseignement délivré (cours magistraux,
travaux dirigés ou travaux pratiques), l’évolution qui a eu lieu depuis a tendu
plutôt vers une uniformisation et a conduit, dans beaucoup d’universités, à une
indifférenciation et surtout à une substitution des TD aux cours magistraux.
QSF estime qu’il faudrait conserver cette différenciation des services.
Ensuite et surtout, si QSF a
toujours été favorable à l’idée de modulation des services – tant réclamée par
les présidents d’université pour des motifs qui ne sont pas toujours bons – c’est
à une quadruple condition :
1° que ce soit pour permettre de libérer les
universitaires du temps dont on a vu qu’ils manquaient dramatiquement ;
2° que ce soit dans le respect du principe d’indépendance
des professeurs qui exclut de jure
toute subordination de nature hiérarchique à l’égard des autorités
universitaires, locales ou nationales ;
3° que cette modulation des services soit
effectuée sur la base d’une évaluation sérieuse et impartiale de projets de
recherche individuels ou collectifs engageant l’avenir, et non pas qu’elle soit
conçue comme un jugement rétrospectif sur le déroulement d’une carrière, tant
les critères sont variés et l’appréciation subjective ;
4° que les obligations de service des
universitaires continent d’être fixées au niveau national et qu’il y ait
seulement des facultés d’aménagement de ces horaires au niveau de l’établissement,
de sorte que le président ne puisse pas discrétionnairement décider la nature
des services assurés par les universitaires.
Voilà brièvement esquissées quelques pistes
de réflexion :
-
Il faut notamment proposer un service léger
aux maîtres de conférences au début de leur carrière, car un passage brutal du
statut de chercheur à celui d’enseignant-chercheur avec des contraintes lourdes
d’enseignement est souvent un choc stérilisant.
-
Il convient également d’admettre que les services
devraient aussi être modulés en fonction de leur nature. Un TP n’est pas un TD,
tout comme un cours magistral devant 1000 étudiants (comme en Droit) n’équivaut
pas à un séminaire devant 10 étudiants.
-
On pourrait songer aussi à proposer des sortes de
professeur à mi-temps pour ceux qui cumulent leurs activités universitaires
avec des activités extérieures.
-
En outre, QSF est tout à fait favorable à ce que les
présidents d’université accordent à des décharges de service conséquentes à
ceux qui sont fortement impliqués dans l’administration de l’enseignement
(directeurs du L1–L3, du M1-M2, doyens), etc.
-
Par ailleurs, pour compenser ces pertes d’heures, et
notamment pour aider les jeunes universitaires à disposer de plus de temps pour
leurs recherches, on pourrait songer à maintenir en fonction certains
« seniors » qui souhaitent prolonger leur activité scientifique, sous
réserve évidemment d’une évaluation de leur demande. Ce serait un moyen utile
de conserver à l’Université d’excellents éléments et de pratiquer une sorte de
solidarité intergénérationnelle.
b. La différenciation des carrières
QSF est favorable depuis longtemps à ce que
les partenariats se développent avec le CNRS. Les passerelles doivent être plus
nombreuses. Il faut que les chercheurs très actifs soient en mesure de
bénéficier de détachement de courte, moyenne ou de longue durée (4 ans
renouvelables par exemple) au CNRS, avec une obligation légère d’enseignement
(du type de l’IUF). Pour que cette mobilité existe, il convient de réfléchir à
un système plus souple de remplacement. Sans ressusciter le système de la
chaire, il deviendrait urgent de prévoir des remplacements poste par poste,
avec des « professeurs suppléants » pour permettre aux détachés au
CNRS de récupérer leurs enseignements à leur retour.
Réciproquement, il devrait être toujours
possible aux personnels du CNRS de venir enseigner à l’Université pour que la
mobilité joue dans les deux sens. Il va de soi que les instances qui
accueillent les détachements doivent toujours rester compétentes pour décider,
en dernière instance, de l’opportunité de ce détachement.
Enfin, détail mineur mais significatif, si l’on
veut une
mobilité accrue, il faut mettre fin au déplorable système de l’exeat. Actuellement, un
enseignant-chercheur doit demeurer 4 ans en poste avant de faire une mutation,
s’il n’obtient pas l’accord de son établissement. En effet, il faut avoir été 3
ans complets en poste pour l’obtenir. Or, comme l’a écrit Antoine Compagnon, un enseignant-chercheur
doit au moins pouvoir voter avec ses pieds s’il n’est pas en accord avec la
politique menée dans son établissement, à défaut de tout autre contre-pouvoir
efficace. C’est le meilleur moyen de fluidifier le marché de l’emploi
universitaire, de le rendre réactif et de favoriser l’émulation et la libre
concurrence entre les établissements. Bref, le maintien de l’exeat est une preuve supplémentaire que,
très souvent, les dispositions pratiques en vigueur, contredisent les buts
affichés par la loi Pécresse.
c. La
revalorisation de la condition matérielle.
Concernant la situation matérielle des
universitaires, il convient d’être bref, mais clair. On partira d’un constat
qui suscite une question.
Le constat est simple et le
diagnostic lapidaire : la situation matérielle des universitaires est
devenue tout bonnement indigne. On se bornera à souligner les deux écueils les
plus sérieux :
-
le premier scandale
– on pèse ici le mot – est le très faible niveau du traitement des maîtres de
conférences en début de carrière (de l’ordre de 2000 euros). C’est tout
simplement indécent et le fait que l’actuelle ministre a décidé de revaloriser
le montant des allocations des doctorants financés (allocataires-moniteurs) en
les mettant au niveau du traitement des maîtres de conférences débutants
constitue un aveu de taille de la part du ministère.
-
le second scandale
est le blocage au niveau du passage de la seconde classe à la première classe
des professeurs, qui est, dans la plupart des disciplines, le véritable goulet
d’étranglement de l’avancement dans la carrière.
Le gouvernement objectera des considérations
financières et l’état dégradé, pour ne pas dire plus, des finances publiques.
La réponse à cette objection se fera en deux temps :
-
l’argent utilisé pour créer une université à Nîmes n’aurait-il
pas été mieux utilisé pour affecter ces sommes à l’augmentation des postes de
première classe ?
-
il y a peu de promotions à la première classe, mais
certaines promotions sont fort injustes, et il est des passages à la voie
locale, voire à la voie nationale, qui sont le fruit de l’arbitraire.
Pour finir sur ce point, une
interrogation douloureuse : comment
se fait-il qu’une corporation professionnelle comme la nôtre a pu se laisser
imposer une telle dégradation en l’espace de trente ans ? Il n’y a pas
d’exemple dans la fonction publique supérieure d’un tel abaissement et d’une
telle passivité face à celui-ci.
3. L’indispensable évaluation des universitaires
QSF est entièrement
favorable à l’évaluation des activités des universitaires. Si l’évaluation des universités
n’a pour le moment pas donné grand-chose dans les faits, car les décisions n’ont
pas suivi les évaluations, l’évaluation des équipes de recherche et des écoles
doctorales peut être encouragée, même si les moyens donnés à l’AERES restent
insuffisants, et même si ce travail supplémentaire retombe encore une fois sur
les universitaires eux-mêmes. Il faut espérer néanmoins que le ministère
tiendra compte de ses évaluations pour habiliter les équipes et les formations.
a. Mais la véritable
nouveauté qui devrait accompagner cette réforme sur l’autonomie doit être l’évaluation individuelle de tous les
universitaires, évaluation régulière et non seulement quand ils demandent
une promotion C’est la condition sine qua
non de toute différenciation ou modulation des services et des traitements
(primes). Il ne s’agit pas, évidemment, d’une évaluation annuelle, mais son
rythme devrait épouser celui des contrats quadriennaux qui lient les
établissements aux ministères.
b. Toutefois, l’évaluation
peut rimer avec l’arbitraire si elle n’est pas accomplie de manière la plus objective et la plus impartiale
possible. QSF rejette la perspective
d’une évaluation des compétences individuelles en
matière de recherche au seul niveau local et en particulier par le président
de l’université.
Les pouvoirs déjà concentrés par le président et son mode d’élection le rendent
impropre à un jugement impartial de ses collègues qui risquent vite, sinon,
de devenir ses vassaux. Seule une instance nationale, constituée des représentants
les plus réputés de la discipline, peut faire ce travail crucial. Comme l’écrivait
jadis Georges Vedel, l’ancien doyen de la faculté de droit de Paris: « Un professeur [...]
ne peut être soumis au jugement exclusif de sa faculté : ce serait là
un point de vue trop proche et peut-être un regard un peu myope. » (« Les
libertés universitaires », Rev. Enseignement supérieur, 1960, n° 4, p.
137)
En revanche, l’évaluation
des compétences pédagogiques et de l’implication dans la vie universitaire doit
évidemment se dérouler au niveau local, avec un fonctionnement qui prévoit des
procédures les plus objectives possibles pour éviter les conflits d’intérêt Des
procédures de recours sont indispensables en matière d’évaluation de la
recherche comme de l’enseignement.
Le pari d’une réforme
réussie, c’est de concilier le dynamisme de l’autonomie locale, avec des
présidents ayant des idées et la faculté de les mettre en œuvre, et le maintien
d’un corps étatique d’universitaires qui garantit non pas une sorte d’égalitarisme,
mais surtout un certain niveau de qualité et d’attractivité. Vouloir mettre les
universitaires entre les mains du seul pouvoir des présidents d’université, c’est,
compte tenu de la situation actuelle, suicidaire.
Ainsi, et c’est paradoxal, pour ce qui concerne les universités françaises, la
décentralisation qui est en marche ne pourra réussir que si l’on maintient une
certaine forme, limitée mais indispensable, de centralisation, car – vieille
leçon qu’avaient comprise les républicains de la Troisième –, en France, c’est
la centralisation qui favorise la liberté. Ainsi, QSF estime qu’il ne peut pas y avoir de
libertés et de responsabilité des universités sans son corollaire :
« les libertés et responsabilité des
universitaires ».